Comment prévenir la myopie chez l’enfant ?
Si les pathologies oculaires apparaissent souvent avec l’âge, les troubles visuels comme la myopie peuvent survenir à tout moment, et cela, dès l’enfance (parfois même chez les nourrissons).
La myopie progresse, au point d’être qualifiée d’épidémie. D’après les chercheurs, près de 50 % de la population mondiale pourrait être myope d’ici 2050. À titre de comparaison, 20% d’enfants étaient myopes en France en 2020, et 32% d’adolescents dans le monde. Face à cette réalité, la prévention est essentielle. Apprenez à repérer les premiers signes de la myopie chez les enfants et découvrez les solutions pour mieux la prendre en charge.
Qu’est-ce que la myopie ?
La myopie est le trouble visuel le plus fréquent. Elle se manifeste par une vision floue de loin, tandis que la vision de près reste nette. Ce défaut est causé par un allongement excessif de l’œil, qui empêche l’image de se former directement sur la rétine : elle est projetée légèrement en avant, rendant la perception des objets éloignés floue.Ce trouble peut évoluer avec l’âge, même à l’âge adulte. Lorsqu’elle s’aggrave sans être prise en charge, la myopie peut entraîner des complications oculaires sérieuses, comme un décollement de la rétine, un glaucome, une cataracte précoce ou encore une baisse significative de l’acuité visuelle. “La malvoyance peut apparaître assez tôt dans la vie d’un adulte fort myope, parfois dès l’âge de 40 ans. D’où l’importance de la prévention le plus tôt possible et de contrôles réguliers” précise la professeure Aude Couturier, directrice de l’institut français de myopie, lors des États Généraux de la myopie qui se sont tenus en novembre 2024.

Comment détecter la myopie chez l’enfant ?
Pour détecter la myopie chez les enfants, différents facteurs doivent être des signes d’alertes :
- Plisser les yeux régulièrement
- Loucher de manière persistante
- Se rapprocher des objets, livres, écrans pour les regarder de plus près
- Froncer les sourcils
- Éprouver des difficultés à lire le tableau à l’école
- Ressentir des maux de tête en fin de journée
- Cligner excessivement des yeux
Si l’un de ces signes correspond au comportement de votre enfant, il est important de consulter un ophtalmologiste afin de contrôler sa vue, pour trouver les solutions, et permettre de freiner la myopie le plus tôt possible.
Généralement, la myopie est diagnostiquée pour la première fois entre 6 et 12 ans, mais elle peut également se développer plus tard, à l’adolescence ou à l’âge adulte.
Cause et prévention de la myopie chez les enfants
La myopie résulte de plusieurs facteurs, à la fois génétiques et environnementaux. Si l’hérédité joue un rôle, elle n’est pas seule en cause. L’environnement dans lequel un enfant grandit influence aussi sa vision. Certaines habitudes peuvent ainsi nuire à la santé visuelle des plus jeunes :
- Passer trop de temps sous une lumière artificielle au lieu de profiter de la lumière naturelle.
- Enchaîner les activités en vision de près (lecture, coloriage, écrans…) sans pause régulière.
D’ailleurs, seulement 32 % des Français savent que la myopie n’est pas systématique chez un enfant dont l’un des parents est myope.*
Heureusement, des gestes simples peuvent aider à prévenir son apparition et préserver la vision des enfants :
- Profiter de la lumière du soleil :
La lumière naturelle stimule la production de dopamine, une hormone qui limite la croissance excessive de l’œil. Pour protéger leur vue, les enfants devraient passer au moins deux heures par jour à l’extérieur, avec des lunettes de soleil si nécessaire. En plus de prévenir la myopie, cette exposition offre de nombreux bienfaits pour leur santé globale.
- Faire des pauses régulières :
Lorsque les enfants sollicitent leur vision de près (lecture, écriture, écrans…), ils doivent reposer leurs yeux. La règle des 20-20-20 est idéale : toutes les 20 minutes, regarder à plus de 20 mètres pendant 20 secondes.
- Respecter une bonne distance de lecture :
Un livre, un cahier ou un écran doivent toujours être placés au moins à 30 cm des yeux (valable pour les enfants comme pour les adultes).
- Limiter le temps d’écran :
La lumière bleue des écrans fatigue les yeux et peut favoriser l’allongement du globe oculaire. Pour préserver leur vision, les enfants ne devraient pas dépasser deux heures d’écran par jour, avec des pauses fréquentes.
Une étude de chercheurs de la Seoul National University College of Medecine a révélé en février 2025 qu’une heure supplémentaire d’exposition quotidienne aux écrans, chez les enfants myopes, augmente de 21 % le risque de développer une myopie.
- Encourager les activités physiques :
Le sport, c’est bon pour votre vue (et encore mieux quand il est exercé en extérieur) ! C’est d’autant plus vrai chez les enfants, chez qui les activités physiques aident à limiter la croissance de l’œil.
- Avoir une alimentation équilibrée :
Une alimentation variée, riche en fruits et légumes, aide à maintenir une bonne santé oculaire. Il est recommandé d’éviter les excès de gras et de sel pour un équilibre optimal.
Enfin, une visite annuelle chez l’ophtalmologiste est essentielle pour détecter les premiers signes de myopie et adapter rapidement la prise en charge.
Freiner la myopie chez l’enfant
Chez l’enfant, l’opération de la myopie n’est pas possible comparé à l’adulte. Cependant, différentes solutions existent pour freiner la myopie dès le plus jeune âge, pour les enfants dont la myopie évolue rapidement.
- Des lunettes avec des verres de freination –
Les verres de freination sont conçus pour ralentir la progression de la myopie grâce à des micro-lentilles intégrées. Visuellement identiques aux verres correcteurs classiques, ils offrent une alternative discrète et efficace pour les enfants et les adolescents.
Dès les premiers signes de myopie, ces verres peuvent être prescrits afin de limiter l’allongement de l’œil, principal facteur de l’évolution myopique. Bien qu’ils ne permettent pas de guérir la myopie, leur efficacité pour en ralentir la progression est significative.
Le choix des montures est également un point clé : l’opticien joue un rôle essentiel en proposant des modèles adaptés à ces verres spécifiques. Par ailleurs, le suivi régulier est indispensable. Une consultation chez l’ophtalmologue ou l’opticien est recommandée tous les 3 à 6 mois afin d’évaluer l’évolution de la vue et d’adapter la correction si nécessaire. Un changement de verres est généralement requis dès qu’une variation d’au moins 0,5 dioptrie est constatée.
- Des lentilles freinatrices de jour –
Les lentilles de jour constituent une option intéressante pour les enfants et adolescents, en particulier ceux qui pratiquent régulièrement du sport (hors sports aquatiques) ou qui préfèrent une alternative esthétique aux lunettes.
Adaptées aux myopies allant de -10 à -15 dioptries, elles offrent une correction efficace tout en ralentissant la progression de la myopie.
Il existe trois types de lentilles freinatrices de jour :
- Les journalières, pratiques et hygiéniques, idéales pour un usage ponctuel.
- Les mensuelles, nécessitant un entretien régulier, mais plus économiques sur le long terme.
- Les annuelles, rigides et plus durables, recommandées dans certains cas spécifiques.
Toutefois, il est essentiel d’avoir une paire de lunettes en complément, pour les moments où les lentilles ne sont pas portées.
À noter que ces lentilles ne font pas l’objet d’un remboursement de la part de la Sécurité sociale, mais peuvent être en partie prise en charge en fonction des complémentaires santé.
- Des lentilles rigides de nuit (orthokératologie) –
Les lentilles rigides de nuit, aussi appelées lentilles d’orthokératologie, offrent une alternative efficace aux corrections optiques classiques. Portées uniquement durant le sommeil, elles modifient temporairement la courbure de la cornée, permettant ainsi une vision nette toute la journée sans lunettes ni lentilles.
Cette solution convient particulièrement aux enfants et aux adultes pratiquant des sports aquatiques ou de combat, ainsi qu’à ceux qui supportent mal les lentilles de contact classiques. Les lentilles d’orthokératologie peuvent être prescrites dès l’âge de 6 ans, mais elles ne sont efficaces que pour les myopies modérées, ne dépassant pas -7 dioptries.
- Des gouttes d’atropine –
Les gouttes d’atropine sont particulièrement recommandées pour les enfants dont la myopie évolue rapidement. Simples d’utilisation, elles peuvent être administrées dès l’âge de 4 ans à raison d’une goutte par jour dans chaque œil.
Ce traitement est actuellement la seule solution de ralentissement de la myopie prise en charge par la Sécurité sociale. Il peut être prescrit aux enfants présentant une forte myopie, au-delà de -6 dioptries. Cependant, les gouttes ne corrigent pas la vision : les patients doivent donc continuer à porter des lunettes ou des lentilles tout au long de la journée.
Si le traitement est bien toléré, il s’étale généralement sur deux ans, avec un suivi médical tous les six mois. À noter que ces gouttes ne sont disponibles qu’en pharmacie hospitalière.
*Baromètre de la myopie en France Edition 2, réalisé par Ipsos pour l’Institut d’éducation médicale et de prévention IEMP.